Sunday, April 05, 2009

Avec la complicité occidentale, la Syrie compte échapper au Tribunal international pour le Liban





Avec la complicité occidentale, la Syrie compte échapper au Tribunal international pour le Liban

Des officiers supérieurs syriens, ayant exécuté Hariri, auraient disparu à Damas

Une course est engagée entre le Tribunal international spécial pour le Liban, installé le 1er mars aux Pays-Bas pour juger les commanditaires et les exécutants de Rafic Hariri et responsables de plusieurs crimes terroristes au Liban, et le régime syrien qui cherche à échapper à la justice et à prolonger son immunité. Trois officiers syriens qui ont régné sur le Liban pendant l’occupation ont d’ores et déjà disparu.

Pour négocier son immunité, le régime syrien s’est littéralement couché devant les Américains après avoir berné les Européens. Il fait miroiter sa disponibilité à négocier avec Israël, tout en rappelant ses capacités de nuisance à Gaza. Il propose d’ouvrir ses frontières et son territoire aux Américains pour faciliter leur retrait d’Irak. Il propose de coopérer dans la lutte contre le terrorisme, tout en finançant et armant les terroristes de tous bords : les sunnites d’Al-Qaïda en Irak, les Chiites du Hezbollah au Liban, les laïcs des organisations palestiniennes... La Syrie tente aussi de réhabiliter le Hezbollah libanais en Occident. Londres vient d’accorder un visa à l’un des dirigeants du parti de Dieu, afin de négocier un échange de prisonniers en Irak. Le Hezbollah réclame la libération de l’un des chefs militaires détenu par les Britanniques (il entraînait les milices chiites à Bassorah), et propose sa médiation pour libérer un ressortissant anglais enlevé en Mésopotamie depuis plusieurs années...

Parallèlement, Bachar Al-Assad défend le président soudanais Omar Al-Bachir face à la Cour Pénale Internationale, pour se protéger lui-même de la justice. Il réclame en revanche le jugement des responsables israéliens et américains qui ont commis les crimes à Gaza et en Irak...

Par ces manœuvres complexes, que certains comparent à la « prostitution étatique », Damas cherche à gonfler artificiellement le torse et à montrer ses dents pour mieux négocier l’immunité de son régime. La Syrie sait que les Américains sont à deux doigts de capituler en Afghanistan, qu’ils appellent Téhéran au secours et que la nouvelle administration a déjà décrété la fin de la guerre contre le terrorisme dans sa forme actuelle. Les Syriens se félicitent également d’avoir vaincu les Européens, non pas grâce à leur propre puissance, mais juste en exploitant la lâcheté de ces derniers, leur désunion et leur masochisme...

Dans ce contexte qui lui est favorable, le régime syrien examine le meilleur scénario qui lui permettra d’échapper à la justice, en éliminant les témoins encombrants. Une promesse aurait été donnée par les Européens (des responsables onusiens et des conseillers de Nicolas Sarkozy, selon « Elaph.com ») selon laquelle ni le Président Assad ni ses proches (son frère Maher et son beau-frère Assef Chawkate) ne seront convoqués par le TPI dans le procès Hariri. Par contre, le TPI se contentera de convoquer les témoins de second rang. Or, « Elaph.com » affirme ce 1er avril (pas un poisson d’avril) que trois officiers ayant servi au Liban pendant l’occupation, et qui sont cités à comparaitre devant le TPI, ont récemment disparu en Syrie. Il s’agit du « véritable gouverneur syrien du Liban » Rustom Ghazalé, de son adjoint Jameh Jameh, et d’un officier des renseignements en poste à Beyrouth en 2005, le colonel Jamal Abou Jamal. Leur disparition est intervenue quelques jours seulement avant que le TPI ne réclame du Liban la remise de tous les dossiers relatifs à l’enquête sur l’assassinat de Hariri.

Les trois officiers syriens seraient, selon les mêmes sources, emprisonnés par le régime. Assad redoute en effet leur fuite à l’étranger. Sous la pression et se sentant sacrifiés, les officiers risquent de livrer tous leurs secrets, impliquant Assad et son entourage dans le terrorisme d’Etat au Liban. Aussi, en cas de convocation, Assad pourra les juger et les exécuter en Syrie, pour effacer toute trace de sa culpabilité. Enfin, le président syrien pourra simplement refuser de les livrer, prétextant leur disparition.

Synthèse de Khaled Asmar, d’après « Elaph.com »

(Pour des raisons encore indéterminées, « Elaph.com » a retiré son article peu de temps après sa publication. Mais l’ayant imprimé, nous le mettons à disposition en format PDF)